CONCURRENCE PURE ET PARFAITE
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INTRODUCTION
Dans ce chapitre, nous exposerons les principes à partir desquels les entreprises déterminent prix et quantités à court et à long terme. Nous définirons la notion de concurrence pure et parfaite et en déduirons demande et revenu marginal. Nous établirons l'équivalence entre la maximisation du profit, d’une part, et l’égalité du revenu marginal avec le coût marginal, d’autre part. Nous analyserons ensuite l'équilibre de longue durée. Enfin nous montrerons que d’un point de vu économique cette forme du marché s'avère optimal pour la société.
CONCURRENCE PURE ET PARFAITE
La concurrence pure et parfaite est une forme de marché Caractérisée par
- un très grand nombre de petits producteurs,
- un produit standardisé et homogène,
- l'incapacité pour un producteur à influencer le prix,
- la libres entrée et sortie des producteurs sur le marché, et
- inutilité de toute mesure autre que sur les prix.
Les exemples de marchés en concurrence pure et parfaite sont extrêmement rares. De nombreux marchés dans les secteurs du détail, des services ou de l’agriculture s’en approchent le mieux. Mais, dans le secteur agricole, les aides gouvernementales de soutien des prix faussent les mécanismes du marché. Malgré le manque d’exemples types, cette forme du marché est primordiale, car elle est généralement considérée comme la meilleure parmi les économistes.
ATOMACITÉ DES ENTREPRISES EN CONCURRENCE PURE ET PARFAITE
En situation de concurrence pure et parfaite, le très grand nombre d'entreprises implique que chacune est très petite en comparaison de la taille de l’ensemble du marché. En effet, si une entreprise prenait significativement de l’importance, elle dominerait le marché, et la concurrence serait éliminée ou au moins diminuée.
Dans le secteur agricole de la production laitière, les fermes sont en général petites. Elles sont particulièrement petites comparées à la taille global du marché laitier. Notez que les distributeurs de lait peuvent parfois être très importants, mais pas les fermes productrices.
PRODUIT STANDARDISE EN CONCURRENCE PURE ET PARFAITE
En situation de concurrence pure et parfaite, le produit est dit standardisé (ou homogène). Ceci signifie que quel que soit le producteur, le produit est parfaitement identique et le consommateur ne peut établir de préférence. C’est la différence principale entre concurrence pure et parfaite et concurrence monopolistique: dans ce dernier cas, les entreprises acquièrent un pouvoir sur leurs consommateurs, dès que ceux-ci prennent conscience des différences dans l’offre.
Le lait est un produit uniforme et homogène. Il est impossible de faire une distinction entre le lait d'une ferme et celui d'une autre. En effet le gouvernement a fixé des normes relatives à la qualité, la teneur en graisse et la propreté.
PRENEUR DE PRIX
En situation de concurrence pure et parfaite les entreprises n'ont aucune pouvoir sur les prix : elles sont obligées de vendre au prix du marché courant. On parle alors de preneurs de prix. Si une entreprise essayait d'augmenter son prix, d’un montant aussi infime que possible, les consommateurs n'achèteraient plus le produit de cette entreprise puisqu’ils pourraient obtenir le même auprès d’autres entreprises. Un abaissement du prix est également inutile puisque l'entreprise peut déjà couler toute sa production au prix courant.
Un producteur de lait qui essayerait d'augmenter ses revenus en relevant le prix de son lait, ne trouverait plus les entreprises de collecte du lait de cette région disposées lui acheter son lait. Un unique fermier n’est donc pas en mesure d’affecter le prix du lait sur l’ensemble du marché.
ENTRÉE ET SORTIE DU MARCHE
Il n’existe aucune barrière à l'entrée ou à la sortie d'un marché de concurrence pure et parfaite. Cela évite qu'une entreprise puisse dominer le marché et évincer d'autres entreprises. C’est aussi la garantie que le nombre d’entreprises activent sur le marché, restent importants.
Dans la plupart des cas, une production agricole peut démarrer simplement par l’ensemencement d'une parcelle de terrain, comme pour les fruits et les légumes. (Cependant, pour certains produits tels que le lait ou le tabac, le gouvernement limite la production pour lutter contre la surproduction).
ACTIONS NE SE RAPPORTANT PAS AU PRIX
Les actions autres que sur les prix, telles que la publicité, les service après-vente ou les garanties, sont superflues puisque l'entreprise est déjà en mesure d’écouler toute sa production au prix courant. Ces mesures ne feraient qu’occasionner des frais supplémentaires qui rendraient l'entreprise moins profitable. (Pourtant une campagne publicitaire, par exemple, peut avoir un impact positif pour l’ensemble du secteur.)
Un petit producteur de lait ne peut certainement pas influencer le niveau global de consommation du lait. Par contre une coopérative laitière ou un grand distributeur peuvent dans certains cas mener des campagnes publicitaires efficaces.
FONCTION DE DEMANDE
En situation de concurrence pure et parfaite, la demande individuelle auprès d’une entreprise est parfaitement élastique (c.-à-d., que la variation de prix la plus minime qui soit, entraîne un changement pratiquement infini dans la quantité demandée). Une telle courbe de demande est représentée graphiquement par une ligne horizontale. Ainsi, quelle que soit la quantité vendue par l’entreprise, le prix obtenu est le prix courant du marché.
Graphique G-MIC4.1
Au niveau global, la demande du lait est susceptible d'être décroissante, puisqu'elle est inversement reliée au prix. Mais le prix perçu individuellement par un producteur correspond toujours au prix courant sur le marché, quelle que soit la quantité qu’il produise. Ainsi la courbe de demande est horizontale.
REVENU MARGINAL
En situation de concurrence pure et parfaite, le niveau de la courbe de demande est égal au revenu marginal de chaque entreprise. Le revenu marginal se définit comme le revenu supplémentaire résultant de la vente d'une unité supplémentaire. Il est donc gal au prix courant qui, graphiquement correspond au niveau de la courbe de demande elle-même. Notez que le revenu moyen est aussi égale à la courbe de demande, tandis que le revenu total est une ligne droite ascendante.
MAXIMISATION DU PROFIT
Une entreprise cherche à atteindre un volume de production pour lequel son revenu total excède le plus largement possible son coût total, c'est-à-dire, pour lequel son profit est maximum.
MINIMISATION DES PERTES
Si une entreprise n’est pas bénéficière, elle peut néanmoins chercher, à court terme, à produire à un niveau de ventes pour lequel la différence entre son coût et son revenu, c.-à-d., sa perte, est minimum.
LA CESSATION D’ACTIVITÉ
Si à court terme, une entreprise n’atteint pas un niveau de revenu suffisant pour couvrir ses coûts fixes, l'entreprise doit cesser son activité.
SEUIL DE RENTABILITÉ
Le volume de production pour lequel le revenu total est égal au coût total, est appelé le seuil de rentabilité. Une entreprise doit forcément être au-delà de ce seuil pour espérer maximiser son profit.
PRINCIPE DU COÛT MARGINAL ET DU REVENU MARGINAL
Maximiser le profit revient à produire à un niveau pour lequel revenu marginal et coût marginal sont égaux. En effet, en produisant une unité de moins, le profit diminue car, pour cette dernière unité, le coût marginal est supérieur au revenu marginal. Il en est de même en produisant une unité supplémentaire.
EGALITE DU COÛT MARGINAL ET DU REVENU MARGINAL
Le principe de revenu marginal = coût marginal s’applique aussi bien pour la minimisation des pertes que la maximisation du profit. Cependant, si le revenu marginal s’égalise avec le coût marginal à un niveau inférieur au coût variable moyen, cela signifie que les revenus ne sont pas suffisants pour couvrir les coûts fixes, et l'entreprise devrait fermer.
MAXIMISATION DU PROFIT
Le profit maximum est obtenu en déterminant le niveau de production pour lequel le revenu marginal est égal au coût marginal. Le profit est mesuré de la manière suivante:
1- le revenu total est égale au prix multiplié par la quantité,
2- le coût total est égale au coût total moyen multiplié par la quantité,
3- la différence entre revenu total et coût total mesure le profit (ou la perte).
COURBE DE PROFIT MAXIMUM
Puisque le profit maximum est déterminé par l'excédent du revenu total sur le coût total, il correspond graphiquement à l'aire où le rectangle du revenu total dépasse celui du coût total. La hauteur du rectangle de revenu total est gale au prix perçu par l'entreprise, et sa largeur, à la quantité optimale (pour laquelle MR=MC). La hauteur du rectangle du coût total est égale au coût total moyen (sur la courbe AC), et sa largeur, à la quantité optimale.
Graphique G-MIC4.2
COURBE D'OFFRE DE COURTE PÉRIODE
L'équilibre de courte période de l'offre des entreprises se situe sur la partie croissante de la courbe du coût marginal (au-dessus de l'intersection avec le coût variable moyen). En effet, une entreprise détermine son volume optimum de production à partir de l'intersection du revenu marginal avec le coût marginal. Le revenu marginal est également le prix que l'entreprise reçoit. Ainsi les combinaisons prix-quantité des entreprises se situent sur la partie croissante de la courbe du coût marginal.
Graphique G-MIC4.3
ÉQUILIBRE DE LONGUE PÉRIODE
L'équilibre de longue période des entreprises se situe là où la demande (qui est identique au revenu marginal) est tangente au minimum du coût total moyen (qui correspond également au point d'intersection du coût marginal avec le coût total moyen). À ce point là, chaque entreprise ne réalise, ni profit, ni perte. (Notez qu'il n'y a pas de profit pur, mais le bénéfice normal doit néanmoins tre couvert).
ENTRÉE DES ENTREPRISES SUR LE MARCHÉ
Quand la demande se situe au-dessus du minimum du coût total moyen, toutes les entreprise réalisent un profit pur. Ce profit attire alors de nouvelles entreprises dans le secteur. Rappelons qu'en situation de concurrence pure et parfaite, il n'existe aucune barrière à l'entrée sur le marché. Les nouvelles entreprises contribuent à augmenter le niveau de l'offre totale sur le marché et à pousser les prix vers le bas. La tendance à la baisse des prix réduit le revenu marginal (la demande) des entreprises vers, voire même sous le point minimum du coût total moyen.
SORTIE DES ENTREPRISES DU MARCHÉ
Quand le revenu marginal (la demande ) passe sous le minimum du coût total moyen, les pertes réalisées forcent quelques entreprises à se retirer du secteur. Leur départ réduit l'offre totale, et relève les prix. L'augmentation des prix déplace les courbes de demande individuelle des entreprises vers le point d'équilibre, voire même au-dessus. L'entrée ou la sortie d'entreprises continue jusqu'à ce qu'il y ait équilibre entre le prix et le minimum du coût moyen.
COURBE D'OFFRE DE LONGUE PÉRIODE
En concurrence pure et parfaite, la courbe d'offre de longue période d'un secteur est parfaitement élastique (c.-à-d. horizontale) pour les industries à coûts constants, mais ascendante pour les industries à coût croissants. Les coûts s'avèrent constant quand les ressources sont suffisantes, et croissants en situation de pénurie.
IMPACTS ÉCONOMIQUES DE LA CONCURRENCE PURE ET PARFAITE
La concurrence pure et parfaite est considérée comme la forme idéale ou optimale de fonctionnement du marché car elle s'avère avoir un impact economique positif sur la société, dont on distingue deux sources:
- l'efficience allocative, et
- l'efficience productive
Néanmoins on notera quelques imperfections à cette forme de marché.
L'EFFICIENCE PRODUCTIVE
L'efficience productive de la concurrence pure et parfaite se traduit par le fait que le point d'équilibre de longue période de toutes les entreprises du secteur correspond au minimum du coût total moyen. Ceci signifie que toutes les entreprises sont obligées de réduire leurs coûts et d'utiliser la meilleure technologie disponible afin d'atteindre un coût total moyen minimum, qui ne saurait être supérieur à celui des autres entreprises du secteur. Il n'y a galement ni sous utilisation, ni sur utilisation des capacités de productions.
EFFICIENCE ALLOCATIVE
En situation de concurrence pure et parfaite, l'efficience allocative conduit chaque entreprise à produire exactement la quantité pour laquelle le prix perçu est égal au coût marginal des ressources utilisées. La société ne pourrait espérer obtenir plus, un prix inférieur. Les ressources sont également distribuées de manière optimale entre les différents secteurs, puisque les entreprises de chaque secteur offrent ces ressources à un prix que le consommateur est prêt à payer.
LIMITES DE LA CONCURRENCE PURE ET PARFAITE
Malgré son impact macroéconomique positif, la concurrence pure et parfaite n'est pas en mesure de:
- corriger l'injustice dans la distribution des revenus,
- produire de biens publics en raison du manque de profit,
- stimuler le progrès technique pour la même raison,
- garantir une offre diversifiée puisque les produits sont homogènes et standardisés.

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